VIE MUNICIPALE

31/05/2010

PÉRONNE La municipalité fait son cinéma

Dès le 1er juillet, la gestion du cinéma sera municipalisée.

C’était un tout petit conseil municipal. Avec seulement dix points à l’ordre du jour et presque aucune remarque de l’opposition, la séance a été levée en trente minutes à peine, montre en main. Ces trente minutes ont néanmoins permis au maire (Parti socialiste) Valérie Kumm de faire adopter, à chaque fois à l’unanimité, des dossiers qui lui tenaient à cœur.

Un circuit de transport urbain sera créé, « dès le 1er septembre si possible ». Il « permettra le déplacement des personnes habitant les quartiers excentrés » et « désenclavera le centre-ville ».

Assuré deux fois le matin et trois fois l’après-midi du lundi au samedi, le circuit démarrera à la Chapelette et desservira la route de Paris, le centre-ville, le faubourg de Bretagne, les centres commerciaux, Halles, Sainte-Radegonde et Mont-Saint-Quentin et la future maison médicale.

Pour Valérie Kumm, ce nouveau circuit était un « vœu pieu de la population ». « Il y avait une navette gratuite le samedi matin, mais pas à heure fixe et pas avec des arrêts annoncés. Là, les arrêts seront clairement identifiés par des poteaux pour que les gens sachent qu’un bus passe. »

L’édile assure que les commerçants interrogés sur le projet se sont dits satisfaits. Elle précise toutefois que « tout le monde n’aura pas un arrêt à sa porte ». Le prix du carnet de dix tickets de transport est fixé à 2 €, soit 20 centimes d’euros le trajet. « On l’a fait exprès peu cher pour qu’il ait du succès. » Les tickets seront vendus par le régisseur de la cantine et de la garderie.

Après le transport, les loisirs. La gestion de l’équipement cinématographique du Picardy, rue Saint-Sauveur, sera désormais municipale. Les murs et l’employé du cinéma sont déjà du ressort de la municipalité. La gestion de l’équipement était jusque-là à la charge de l’association Générique. Mais la plupart de ses membres ont démissionné (ils ne sont plus que trois) et ceux qui restent ont fait part de leur désir de partir. L’association sera dissoute au 30 juin (nous y reviendrons dans une prochaine édition). Le maire a préféré renvoyer le Courrier picard vers les derniers membres de l’association pour obtenir une explication quant à la dissolution.

Des tarifs inchangés

Pour les spectateurs, cela ne changera rien, les tarifs restent les mêmes (5,5€ tarif plein, 4,5€ tarif réduit). « Je ne veux pas y toucher, c’est très bien comme ça. » Pour la municipalité, la reprise de la gestion du Picardy sera synonyme de recettes. Jusque-là, les bénéfices allaient à l’association. Désormais ils tomberont dans les caisses communales. Le transfert de la gestion de la salle à la commune permettra en outre, selon Valerie Kumm, de gagner en qualité. « On a cassé la collaboration avec Albert (l’association Générique travaillait avec Albert pour la distribution des films), la gestion du cinéma relevait de l’amateurisme. Là, on aura un vrai distributeur, on saura vers qui se tourner en cas de problème. »

EMMANUELLE BOBINEAU

Publié dans Le Courrier picard  lundi 31 mai 2010.


CULTURE

31/05/2010

PÉRONNE Quel charmeur ce Frédéric François

Frédéric François a déchaîné la foule de l'espace Mac-Orlan, trois heures durant.

Il est des hommes qui ont la classe, des hommes qui imposent le silence quand ils entrent dans une pièce, des hommes qui par un seul sourire déclenchent des cris d’hystérie. Frédéric François est de ceux-là. Quand il est arrivé sur la scène de l’espace Mac Orlan, samedi soir, le temps s’est comme suspendu. Les yeux de ces dames se sont mis à briller, les sourires se sont affichés sur les minois.

Cela faisait huit ans que le chanteur n’était pas venu à Péronne. Autant d’années durant lesquelles ses fans, surtout des femmes, l’ont attendu, fébriles. Maryline a fait le déplacement depuis Versailles pour voir son « Fredo ». Debout près de la scène, quelques minutes avant que le concert ne débute, elle guettait les deux places encore disponibles au deuxième rang. « S’il n’y a personne, j’y vais, parce que ma place elle est derrière. » En fan inconditionnelle, elle confie ne pas avoir pu attendre qu’il vienne à Paris, « en 2011, c’était loin ». Quand les lumières se sont enfin tamisées et que les spectateurs ont commencé à scander le prénom du chanteur, Maryline et son ami se sont empressés de rejoindre les fauteuils vides, avant que d’autres n’aient la même idée. Bien installés, ils se sont eux aussi mis à taper dans leur main.

Une star qui ne se prend pas pour une star

Quelques minutes plus tard, celui qu’elles attendaient toutes est enfin arrivé, sobre dans son costume sombre. On le sent dès les premières secondes, le sourire du chanteur n’est pas de façade mais sincère, l’homme prend du plaisir sur scène. De gauche à droite puis de droite à gauche, « Fredo », comme elles le surnomment, parcourt la large scène pour que toutes puissent bien le voir. Il regarde son public droit dans les yeux, s’avance vers les mains tendues et remercie à chaque fois rose ou bouquet de fleurs offert.

Les tubes s’enchaînent, des plus anciens aux plus connus : Je t’aime à l’italienne, Mon cœur te dit je t’aime, Viens te perdre dans mes bras… Autant d’hymnes à l’amour repris en chœur par le public. Frédéric François s’en amuse. Il tend volontiers son micro pour donner du volume aux déclarations de ces dames.

Entracte. Encore émues d’avoir vu de si près leur idole, deux amies s’extasient. « Il est beau ! Et qu’est-ce qu’il est gentil. Et il chante bien. » Pas de doute, Frédéric François a su séduire son public.

La température augmente encore un peu avec la deuxième partie du spectacle. Le chanteur reprend à la demande des spectateurs les chansons de ses débuts. Tout en simplicité. « Fredo » livre des anecdotes sur son enfance ou la genèse de ses chansons, entre deux sourires ultrabright. Une dernière chanson et puis s’en va. Puis il revient, rappelé par ses fans. Trois minutes de bonheur supplémentaires, des dizaines de mains serrées, des baisers envoyés par centaines. Les inconditionnelles se pressent au bord de la scène et tendent des bouts de papier dans l’espoir d’obtenir un autographe de leur « Fredo ».

Fin du premier rappel, Frédéric François s’éclipse quelques secondes dans les coulisses pour mieux réapparaître, une nouvelle fois rappelé par le public. Les adieux n’en finissent plus. Mais il faut pourtant partir. Un dernier baiser, un dernier regard et « Fredo » s’en va.

La salle se vide, le fan club s’organise et attend la star derrière les loges. Une heure plus tard à peine, le beau brun sort et prend le temps qu’il faut pour dédicacer les très nombreux posters à son effigie. Toujours avec ce sourire et cette gentillesse qui ont fait sa légende.

EMMANUELLE BOBINEAU

Publié dans le Courrier picard  lundi 31 mai 2010


SOCIETE

09/04/2010

PÉRONNE: Rencontre avec les gens du voyage 

Dans la cour, entre les caravanes, les enfants s'amusent. Comme les autres jeunes de leur âge, ils profitent des vacances scolaires.

Ils ont fait le choix de vivre dans une caravane, souvent au mépris des « sédentaires », qui vivent dans une maison. Catherine et sa famille font partie des gens du voyage. Avec respect et franchise, ils évoquent leur mode de vie.

Mardi après-midi, aire d’accueil des gens du voyage. Sous l’auvent de sa caravane, à l’abri du vent, Catherine, la cinquantaine rayonnante, discute avec son amie Ginette, elles sont arrivées à Péronne il y a un mois, et pensent repartir fin avril. Catherine est une « sédentaire », elle n’est pas née dans une caravane, mais partage depuis trente-trois ans la vie des gens du voyage, mariée à l’un d’eux.

Ce qui différencie les gens du voyage des sédentaires ? Catherine réfléchit, cherche ses mots : « On n’a pas la même culture… » Sur le pas de la porte, son mari, grand sourire, la coupe, taquin : « Comment ça, on n’a pas la même culture ? » Le sujet est apparemment matière à plaisanterie. Sérieusement, Catherine explique que « ce qui caractérise les gens du voyage, c’est la liberté, ils n’aiment pas être cernés et qu’on leur impose des choses. Et le respect, la famille. Quand quelqu’un est dans le besoin, il y a toujours une personne pour l’aider. »

« On nous cache,on sait qu’on dérange »

La discussion s’engage franchement, semble-t-il sans tabou. Les deux amies répondent aux questions avec respect. Rien à voir avec les clichés qui circulent « depuis que le monde est monde ». Catherine se redresse sur sa chaise : « Les gens disent qu’on est des voleurs de poules. Mais on ne peut pas mettre tout le monde dans le même sac. » Las des préjugés, Catherine, son mari et les autres membres de leur famille, ont appris à passer outre. « On occulte les choses. Si on se met à penser à ce que les autres disent de nous… On vit simplement notre vie, on s’en moque. »

Lætitia, la nièce de Catherine, se joint au duo. Elle jette un œil à sa fille de quatre ans qui joue dans la cour avec les autres enfants : « Il y a des choses qui ne changeront pas. C’est comme ça. » La jeune femme raconte comment, quand sa petite cousine s’est cassé le doigt, le médecin a demandé aux parents comment ils allaient payer, avant même d’ausculter la fillette. Soupir.

Alors, parfois, quand elle sort, chez le coiffeur par exemple Lætitia ne dit pas qui elle est. « Quand j’attendais la petite, j’avais une visite médicale à faire. J’ai appelé en disant que je faisais partie des gens du voyage, on m’a dit qu’il n’y avait plus de place. J’ai rappelé une heure plus tard sans le préciser, et cette fois, on m’a donné un rendez-vous. » Lætitia hausse les sourcils. Silence qui en dit long.

Catherine ironise : « Encore, ici, à Péronne, on a de la chance : on n’est pas à côté de la station d’épuration ou de la déchetterie. On est en plein champs. Mais on nous cache. Regardez, de la route, on ne nous voit pas, il y a des talus. On sait qu’on dérange, ce n’est pas un sentiment, c’est la réalité.»

Ce racisme à l’encontre des gens du voyage est plus ou moins fort selon les villes. Les deux mondes se côtoient sans se comprendre. Jusque-là assez discrète, Ginette prend la parole : « Les sédentaires ne comprennent pas qu’on voyage pour le travail, pas pour le plaisir. » Elle pense notamment aux difficultés rencontrées pour inscrire les enfants à l’école. « Les démarches sont longues, parce que les enfants n’étaient pas là à la rentrée. » Catherine tempère : « Il faut les comprendre, c’est plus compliqué. » Ginette acquiesce mais ajoute : « Nos enfants doivent apprendre à lire et écrire. »

Pourtant, les deux femmes sont la preuve de l’entente entre les deux mondes. Catherine et son époux forment un couple mixte, tout comme Ginette et son mari, qui comme Catherine est sédentaire.

Et les relations entre non sédentaires ? « Comme partout, il y a des gens plus ou moins difficiles. Il y a des endroits où on ne va pas parce que cela a mauvaise réputation. Certaines familles sont réputées… » Ils ne diront pas lesquelles, par respect.

Deux heures se sont écoulées, il est temps de partir. Et Catherine insiste : « Surtout, il ne faut pas généraliser. Là, ce qu’on vous raconte, ce n’est pas valable pour tous les gens du voyage, c’est nous, notre histoire, pas celle de tout le monde. »

EMMANUELLE BOBINEAU

Publié dans le Courrier picard  8 avril 2010


SOCIAL

27/03/2010

MOREUIL (80) Longues négociations et silence radio chez PPG

La grève dure maintenant depuis deux semaines. (Photo archives)

Et rien n’a filtré, avant une conférence de presse annoncée aujourd’hui par la CGT.

Ils voulaient être reçus par la direction, ils ont été servis. Les quelques salariés encore grévistes de l’usine de peinture PPG de Moreuil ont passé dix heures en préfecture à négocier un protocole de fin de conflit. Les augmentations n’étaient alors plus à l’ordre du jour, les cégétistes souhaitant avant tout que les sanctions soient levées (26 d’entre eux ont reçu une lettre de convocation préalable à un licenciement).

Avant d’entamer les négociations, mercredi en fin d’après-midi, les grévistes promettaient de mettre le feu à l’usine s’ils n’obtenaient pas gain de cause. Isabelle Danjou, déléguée CGT, se demandait même, amusée, ce qu’ils risquaient s’ils séquestraient le préfet. Ambiance…

Les non grévistes ont donc attendu le retour de leur collègue, inquiets. Sur le qui vive aussi, car après deux semaines de grève, ceux qui se disaient « otages d’une minorité de salariés » commençaient à montrer des signes d’impatience, craignant de subir les conséquences de ce conflit qu’ils n’ont pas voulu.

La tension monte au fil des heures

Mais les heures ont passé et aucune nouvelle ne leur est parvenue. À 20 h 30, mercredi, après plus de quatre heures de discussion, la réunion a été suspendue. Jointe par téléphone, Isabelle Danjou précisait alors qu’elle ne communiquerait pas tant que les négociations ne seraient pas achevées.

À 11 heures jeudi matin, les tractations ont repris. Et les heures ont continué à s’égrener lentement. Sébastien Caillouet, porte-parole des non grévistes (et non pas le leader, il insiste), a attendu toute la journée la fin de l’entrevue. Ce n’est qu’à 17 h 30 que les grévistes ont quitté la préfecture, alors qu’un orage s’abattait violemment au-dessus de Moreuil. Le tonnerre grondait, les éclairs scindaient le ciel. Relation de cause à effet ou non, les quelques grévistes restés sur le site de Moreuil ont fait disparaître, en quelques minutes à peine, le piquet de grève qu’ils avaient installé à l’entrée de l’usine.

La tente a été démontée, les bannières CGT rangées, et la communication muselée. « Aucune déclaration, lançait un gréviste, derrière les grilles. Une conférence de presse est prévue demain. » Visages graves. Les journalistes n’étaient visiblement plus les bienvenus.

À nouveau joint par téléphone, Sébastien Caillouet confiait, jeudi soir, ne rien savoir de plus.

EMMANUELLE BOBINEAU


SOCIAL

25/03/2010

MOREUIL (80) PPG : la tension ne retombe pas

Depuis mercredi, les non-grévistes sont dans la rue, pour libérer leur usine.

Après dix jours de blocage, les non-grévistes, emmenés par Sébastien Couaillet, délégué FO, ont décidé, dès le matin, de bloquer la route devant l’usine pour protester contre le mouvement de grève. La veille déjà, ils étaient sortis sur le parking pour manifester leur colère. Le bitume en témoigne encore. Écrits à la peinture blanche, ces quelques mots : « Non au blocus » ou « On en a marre » suffisent à comprendre que la situation au sein de l’entreprise est des plus tendue.

« On est en train de perdre notre site »

D’où la présence d’une quarantaine de gendarmes, tout autour de l’usine depuis deux jours.

Majoritaires, les non-grévistes, ne veulent plus « être pris en otages » par les quelques cégétistes qui poursuivent le mouvement (ils ne sont plus qu’une trentaine). Sébastien Couaillet traduit les craintes des salariés : « On a peur de devoir, nous, payer les conséquences de leur grève. On est en train de perdre notre site. On perd des clients. »

Faute de matières premières, l’usine ne tourne plus. Le délégué FO lâche le mot : « Oui, on a peur que cela entraîne des licenciements. On… » Silence soudain. Le jeune homme tourne la tête, tendu. Un motard sort de l’usine. « Un gréviste, un meneur. » Agitation parmi les opposants au conflit. Les poings se serrent. Sébastien Couaillet joue les médiateurs : « Les gars, du calme. » Le motard passe, sous le regard noir de ses collègues. La pression retombe. Pas pour longtemps. En milieu [RC]d’après-midi, raconte le délégué FO par téléphone, « des Conti de l’Oise sont venus soutenir les grévistes » mais ne sont pas restés longtemps. Tout le monde était sur le qui-vive.

À l’autre bout de la rue, les grévistes, dont 26 ont reçu une lettre de convocation préalable à un licenciement, font le pied de grue et donnent leur interprétation. Isabelle Danjou, leur porte-parole, confie très sérieusement qu’il s’agit d’une « guerre syndicale instrumentalisée » organisée par la direction pour « mettre à mort » le syndicat CGT. Un complot, en quelque sorte. « C’était prévu depuis le début. »

En attente d’une audience chez le préfet mercredi soir, les grévistes voulaient croire à la fin du conflit : « On a déjà gagné, la direction générale du groupe a accepté de nous voir pour un protocole de sortie de crise. »

L’augmentation de 60 euros (origine du conflit) n’est plus à l’ordre du jour ; les cégétistes n’avaient mercredi qu’une revendication : la levée des sanctions. Et ils prévenaient, avant d’entamer les discussions avec la direction, que s’ils n’obtenaient pas gain de cause, « demain (aujourd’hui, NDLR), c’est le feu à l’usine. »

Telle une boutade, Isabelle Danjou balance : « Qu’est-ce qu’on risque si on prend un préfet en otage ? » Le ton est donné. Un dispositif était mis en place dès mercredi soir par la gendarmerie, au cas où il y aurait des débordements.

EMMANUELLE BOBINEAU

Publié dans Le Courrier picard  25 mars 2010


COMMERCE

20/03/2010

PÉRONNE: Mercredi, Auchan passe à l’attaque

 

C’est l’attraction de la semaine. L’ouverture d’Auchan, mercredi 24 mars, en lieu et place d’Atac, en face de la brigade de gendarmerie, est dans toutes les conversations. Hommes, femmes, jeunes et plus âgés ont suivi les travaux de près, qui curieux de cette reprise, qui inquiet des changements que cela va amener dans son train-train quotidien.

Car dit nouvelle enseigne dit nouvelle stratégie de communication. Et dans le domaine, Auchan met le paquet. Le groupe distribuera des prospectus dans toutes les boîtes aux lettres de Péronne à partir du 24 mars. « Dans un grand groupe, il y a plus de moyens », se félicite le directeur du site, David Costa. Des bons de réduction de 5€ ont d’ores et déjà été offerts aux clients d’Atac, à valoir dès l’ouverture. C’est sûr, pour l’un des employés de la grande surface, mercredi, il y aura du monde dans les allées et aux caisses.

Ni drive ni caisse automatique mais « rien d’impossible »

Pour respecter les délais d’ouverture, les ouvriers travaillent jour et nuit. Lundi après-midi, un simple coup d’œil à l’entrée du magasin suffisait pour réaliser qu’il reste encore du travail. Pas de quoi entamer pour autant la confiance du directeur : « On sera prêt. » Déjà, l’enseigne s’affiche sur la façade, en rouge et vert, les couleurs du groupe que l’on retrouvera dans tous les rayons, sur toutes les affiches, dans toutes les publicités. À l’intérieur comme à l’extérieur, « tout a été refait, des bureaux aux réserves. C’est un investissement très important. » Le parking a été totalement repensé. « On a gagné une trentaine de places et mis en avant les places pour handicapés. » Coût total ? C’est un secret bien gardé, hors de question de publier ces chiffres dans la presse.

Mis à part le nom et l’organisation de l’espace, le changement ne sera pas radical pour les clients. Que ceux qui rêvaient de voir arriver le service Auchan-drive (service qui permet de faire ses courses sur Internet et de venir récupérer ses provisions au dépôt, à une heure déterminée à l’avance) descendent de leur nuage, ce n’est pour l’instant pas une priorité. Pas plus que les caisses automatiques, qui promettent de gagner du temps. « Trop encombrant » au vu de la surface disponible (l’hyper s’étale sur 3 442 m2). Le directeur de la grande surface n’écarte cependant aucun aménagement futur : « Il n’y a rien d’impossible. »

EMMANUELLE BOBINEAU

*Auchan sera fermé lundi et mardi. Ouverture de 8 h 30 à 20 h 30 sans interruption, du lundi au samedi. Ouverture exceptionnelle le dimanche 28 mars.

Publié dans Le Courrier picard  samedi 20 mars 2010


SOCIETE

18/03/2010

Chaulnes: ta commune sur Facebook !

Le groupe rassemble des habitants de Pertain, Chaulnes et Omiécourt, des habitants du « 80320 », comme les jeunes disent.

Ce qui est merveilleux avec Facebook, l’incontournable réseau social, c’est qu’on a plein d’ami(e)s, on devient fan de toutes sortes de choses et on rejoint des groupes fictifs pour passer le temps. Esprit communautaire. C’est dans cette veine que Michaël Devaux, habitant de Pertain, village de quelque 300 âmes, a créé son groupe, Représent Pertain 80320, Omiécourt, Chaulnes..., il y a un an. Un groupe pour ceux qui, comme lui, sont « paumés au milieu des champs de patates », un groupe pour ne plus se sentir seul. Un groupe tout ce qu’il y a de plus sérieux, mais à prendre au second degré. Michaël Devaux insiste : « Je trouvais sympa de mélanger Facebook et les petits villages isolés pour sortir les gens de leur anonymat, car l’hiver c’est très isolé, il n’y a pas de commerce ni de bar et au final de rares rencontres, sauf à l’occasion de certaines fêtes et activités ponctuelles. » Rien de méchant donc. Pourtant, le créateur du groupe a longtemps hésité à nous parler. Il a même un temps refusé de communiquer, de peur que certaines personnes ne comprennent pas sa démarche : « Je ne souhaite pas créer des tensions. Vous savez, on peut rire de tout mais pas avec tout le monde. » Ultime précaution, Michaël Devaux a demandé l’accord au maire de Pertain, André Lebrun, avant de revenir vers nous et d’accepter de nous parler, le premier magistrat trouvant l’initiative « drôle ».

Apprendre à connaître ses voisins

En un an, seules dix personnes ont adhéré au groupe. « J’en connaissais une de nom, mais c’est tout. » La semaine dernière, Michaël Devaux écrivait sur son mur (en langage Facebook, le mur est une page d’accueil où tout le monde peut laisser un commentaire) sa satisfaction à accueillir le dixième membre, mais il aimerait maintenant rassembler davantage de monde. Et pourquoi pas organiser des réunions pour se faire se rencontrer, pour de vrai, les membres. Car c’est bien là l’objectif principal : faire de nouvelles connaissances pour que le temps paraisse moins long. « La fête des voisins, c’est une fois par an, ça ne suffit pas. »

Emballé par l’initiative d’un de ces concitoyens, le maire de Pertain a même proposé à Michaël Devaux de donner aux Pertinois qui le désirent, une fois par semaine, des cours d’initiation aux réseaux sociaux. L’homme par qui tout a commencé est séduit par l’idée : « Facebook est un outil formidable. Comme on dit, « c’est comme Meetic, mais ça fait moins mal à l’amour propre ». » Il ajoute : « D’autant plus que maintenant on a le haut débit, c’est quand même mieux. »

Pertinois depuis deux ans, Michaël Devaux ne retournerait pour rien au monde en région parisienne où il est né. Il a trouvé, « au milieu des patates », « un confort de vie » et une quiétude qu’il n’est pas prêt à troquer, même contre tous les bars et les commerces du monde. Aussi isolé soit-il, son village, finalement, il y est attaché et aimerait qu’on en parle davantage. Pour que, en fin de compte, les railleries cessent et que la vie devienne plus trépidente à Pertain, Chaulnes et Omiécourt. Alors, à quand alors une Facebook party dans le 80320 ?

EMMANUELLE BOBINEAU

Article publié dans Le Courrier picard  17 mars 2010


SOCIAL

18/03/2010

Moreuil: les salariés de PPG en grève illimitée

Depuis lundi après-midi, 60 des 160 salariés de l’usine de peinture PPG AC France (ex Sigma Kalon, production de peinture), basée à Moreuil, sont en « grève illimitée ». Tout comme leurs collègues de Genlis, dans le département de la Côte-d’Or. Déterminés, ils affirment qu’ils ne lèveront pas le piquet tant qu’ils n’auront pas obtenu gain de cause. Isabelle Danjou, responsable syndicale CGT, est catégorique :

« Nous voulons une revalorisation des salaires. L’an dernier, nous n’avons rien eu, et là on nous propose 25 euros brut. » Planche de bois dans la main droite, Romuald Patte, quinze ans de boîte, entretient le feu à l’entrée de l’usine : « On ne lâchera rien, on veut 60 euros. Ça fait 20 euros net, même pas de quoi acheter du pain pendant un mois. »

Les salariés de PPG s’indignent en outre des hausses de salaires des patrons, « + 45 % » selon Isabelle Danjou. « Il y a quinze jours, le directeur est venu faire un discours au sein de l’entreprise, disant qu’on avait bien surmonté la crise. Mais on n’a pas d’augmentation. En fait, on nous remercie d’avoir sauvé l’entreprise, et puis c’est tout. »

Depuis lundi, les grévistes se relaient jour et nuit pour entretenir le feu du mouvement. Isabelle Dabjou insiste : « Il y a autant de grévistes qu’au début, contrairement à ce qu’a pu dire France 3. »

Aussi motivé soit-il, le mouvement se veut pacifique. Les salariés ont installé un barbecue à l’entrée de l’usine mais ne bloquent pas l’accès aux non-grévistes. « Il y a même une certaine solidarité, remarque la syndicaliste. On a installé un tronc de solidarité pour récolter un peu d’argent pour manger le midi, ce matin (hier), on a récupéré 54 euros, des salariés non grévistes pour la plupart. »

Et la suite ? Les salariés ont demandé hier un rendez-vous avec la direction pour entamer des négociations. Mais le dialogue semble bloqué. « Le directeur nous a dit que notre mouvement était illicite et qu’il ne négocierait pas. » (*) Derrière les lunettes, les yeux de Romulad sont noirs : « Plus ils se foutront de nous, plus ils perdront de l’argent. » Les grévistes comptent sur le ralentissement de la production pour faire plier la direction. À suivre…

EMMANUELLE BOBINEAU

(*)Contactée par téléphone, la direction n’a pas souhaité faire de commentaires sur le mouvement de grève.

Publié dans Le Courrier picard  18 mars 2010


TV-REALITE

10/03/2010

Élodie Legay cuisine sur M6

Pour Élodie, la cuisine c'est tous les jours, dans la bonne humeur et sans chichis.

Cuisinière dans l’âme, Élodie Legay, 25 ans, a participé à l’émission de M6 « Un dîner presque parfait ». Dans l’intimité
de sa cuisine, elle raconte comment s’est passé le tournage et d’où lui vient ce goût pour les petits plats mijotés.

Élodie Legay, 25 ans, cuisine depuis toute petite. « Ma première recette, c’était une mayonnaise, j’avais cinq ans ! C’était ma spécialité. Quand ma mère voulait faire une mayonnaise, je lui disais « non c’est moi » » De gâteaux en plats plus élaborés, l’imagination de la jeune femme s’invite dans sa cuisine, à Flamicourt, où elle réside. « J’aime ne pas suivre à la lettre les recettes. J’ajoute toujours ma touche personnelle. » La cuisine comme art de vivre. Quand elle est invitée à dîner, Élodie Legay ne peut s’empêcher d’emmener quelque chose : un petit rien, un dessert, une entrée. « Ce n’est pas un supplice, au contraire. »

Ce sont ses parents qui l’ont poussée à s’inscrire à l’émission de M6, Un dîner presque parfait. « Je ne me croyais pas capable de passer à la télévision. Un samedi midi, je regardais l’émission, je n’avais rien à faire, je suis allée sur le site et me suis inscrite. » Nom, prénom, lieu de résidence et menu détaillé dans les moindres proportions, Élodie répond à toutes les questions, consciencieusement mais sans trop y croire. Deux semaines plus tard, elle est convoquée à un entretien à Amiens. Quelques jours s’égrènent, elle reçoit un coup de fil du producteur : elle fait partie des cinq candidats retenus pour l’émission spéciale Amiens. Problème : son lieu de résidence est trop excentré par rapport aux autres hôtes, cela complique la tâche des techniciens pour le tournage. Mais Élodie et la production trouvent un arrangement : la jeune femme mitonnera ses petits plats chez elle à Flamicourt, mais enregistrera les interviews de présentation chez sa tante, à Villers-Bretonneux.

Mais le plus dur reste à faire : séduire les papilles des quatre autres concurrents. Le stress remplace l’excitation à mesure que le tournage approche. Doutes. Élodie a « peur de ne plus être la même devant la caméra », « peur de jouer un rôle sans s’en rendre compte ». Une angoisse qui s’évapore avec l’arrivée de l’équipe de M6 : « Les caméras, on les oublie vite ! »

Pas de concurrence entre les candidats

Pour son menu, la jeune femme fait ses emplettes chez des commerçants péronnais, heureux de participer avec elle à l’émission. « Maintenant, quand je les croise, ils me demandent quand l’émission va passer à la télé. » L’émission devait initialement être diffusée à partir du 22 mars, mais la production a rappelé les concurrents pour leur annoncer que la diffusion serait sans doute reportée. Pas de nouvelle date n’a été avancée pour le moment.

Revenons à nos moutons. Le jour J est arrivé. Le tirage au sort fait bien les choses, Élodie est la deuxième à passer. Une place stratégique. « On s’est couché toute la semaine à 3 ou 4 heures du matin, ça a dû être dur pour celui qui passait en dernier. Au moins, moi, j’étais débarrassée et je pouvais en profiter. »

Et l’ambiance alors ? Élodie l’assure, il n’y avait pas d’esprit de compétition entre les candidats. « Parfois, dans certains groupes, il y a des cons qui chipotent. Pas cette fois. » Les soirées s’écoulent au rythme des plats et des rires. Les candidats sont repus à la fin de la soirée, les techniciens de M6 un peu moins. Pour eux, c’est pizza, friterie et hamburgers, bref « de la cuisine sur le pouce. Quand il y avait des restes, on les leur donnait. J’aurais pu leur préparer des pâtes à la carbonara, c’est rapide. »

Cela, bien sûr, vous ne le verrez pas sur M6. Pour sa soirée, Élodie a choisi le thème de la fête foraine. Chut, elle n’en dira pas plus, pour garder l’effet de surprise. Tout juste apprenons-nous qu’il y aura du veau au menu…

EMMANUELLE BOBINEAU

Publié dans Le Courrier picard  10 mars 2010


SOCIETE

08/03/2010

Être maire et mère, « pas si simple »

Conseillère générale, maire de Montdidier et mère de famille, Catherine Quignon a trouvé son équilibre.

Quand elle est arrivée en politique, en 1998 en tant que conseillère générale, Catherine Quignon-Le Tyran a croisé le regard interloqué des citoyens et des politiques en place. « J’étais une femme, de gauche, pas Picarde de naissance et non issue du monde agricole. Ça faisait beaucoup de handicaps. » C’est dit avec le sourire, mais la maire de Montdidier reconnaît qu’il n’a pas été évident de s’imposer et de se faire respecter : « J’étais la première femme conseillère du canton, les gens n’y étaient pas préparés. Une femme au pouvoir, c’était un peu surréaliste. Certains avaient des regards narquois, d’autres étaient bienveillants. Les mecs sont solidaires entre eux. »

Lorsqu’elle est élue, la loi sur la parité n’existe pas encore. Satisfaction : « Je n’aurais pas aimé être élue parce que je suis une femme. » Puis la loi passe et les remarques fusent. Jamais désobligeantes mais parfois blessantes. Avec le franc-parler qu’on lui connaît, Catherine Quignon-Le Tyran s’amuse alors à détourner les réflexions masculines. « Quand certains élus éminents du département disaient que la parité allait les obliger à laisser des places aux femmes, je leur répondais qu’ils avaient de la chance, parce que dans cinquante ans, ils auraient encore 50 % des sièges ! (Rires) Un homme m’a même répondu : « C’est vrai. à terme, vous avez sans doute raison. » »

Poids pour les enfants, fierté pour les ados

Engagée politiquement depuis son adolescence (à 17 ans, elle participe à la campagne de Mitterrand), Catherine Quignon-Le Tyran n’oublie pas pour autant son rôle de mère. « Ce n’est pas si simple de concilier les deux, surtout quand on a des enfants scolarisés. » Avant d’ajuster sa casquette de maire, elle a longuement discuté avec ses enfants. Pour leur expliquer les changements qu’impliquait son engagement, comme ne pas être présente tous les soirs pour les devoirs.
« Quand on fait de la politique, il faut organiser sa vie différemment, mais mes enfants étaient mûrs pour cela. Ma tribu, c’est important, j’ai essayé de ne pas trop les pénaliser et de leur conserver des moments. » Catherine Quignon-Le Tyran tente ainsi de ne pas multiplier les réunions en soirée.
« Le plus dur pour eux, je pense, c’est d’être « des enfants de ». Enfant, ça peut être un poids, mais quand ils sont plus grands, voir ses parents s’engager devient une fierté. Et ce, quel que soit le parti politique. » La preuve : à seulement 19 ans, le fils aîné de la maire de Montdidier songe à son tour à percer dans le milieu politique.

Après deux mandats à la tête de la ville, la maire de Montdidier pense que les gens ne font plus la différence. Magie des réélections. « La première fois, on se dit que c’est un coup de poker. Mais la seconde fois, c’est le travail qui est récompensé. Les collègues ne peuvent occulter le fait que les électeurs m’ont choisie. »

Alors, homme et femme en politique, c’est pareil ? Pas tout à fait : « Une femme analyse le problème dans sa globalité. On peut parfois être plus tranchée mais on a cette indulgence qu’on a avec nos enfants. On est peut-être plus pédagogues. Un gosse qui fait une erreur, on lui laisse une deuxième chance. En revanche, s’il nous trompe, c’est fini. »

Pour être crédible et faire taire les commérages, la maire de Montdidier est convaincue qu’une femme politique ne doit pas se laisser marcher sur les pieds. De ce côté-là, elle assure. « C’est vrai, confie-t-elle dans un éclat de rire, j’ai un peu de caractère. »

Elle ne regrette rien, Catherine Quignon-Le Tyran. Elle encourage même ses enfants à « aller où ils veulent aller. Mieux vaut avoir des regrets de ne pas avoir réussi que des regrets de ne pas avoir tenté. »

EMMANUELLE BOBINEAU

Publié dans Le Courrier picard  8 février 2010